
La canne blanche est une aide à la mobilité bien connue et associée aux personnes ayant une limitation visuelle. Mais ça n’a pas toujours été le cas.
Dans le cadre de la semaine de la canne blanche, retraçons l’histoire de cet objet qui est utilisé depuis des siècles, mais qui n’est devenu un symbole que plus récemment dans notre histoire.
Qui utilise la canne blanche? Ce serait faux de penser que tout le monde qui utilise une canne blanche pour se déplacer est entièrement aveugle. Les personnes qui ont une limitation visuelle sévère, dont une vision bilatérale nulle ou inférieure à 1/20e peuvent aussi utiliser la canne blanche comme aide à la mobilité.
Améliorer la visibilité et créer un symbole
Durant des siècles, les personnes aveugles ont utilisé des bâtons ou des cannes pour détecter les objets et se déplacer plus facilement.
Toutefois, ce n’est qu’après la Première Guerre mondiale que la canne, spécifiquement la canne blanche, a commencé à être introduite comme un symbole reconnu des personnes ayant une déficience visuelle.
La première personne à avoir peint sa canne blanche serait le photographe anglais James Biggs qui souhaitait être plus visible des automobilistes de son quartier, après être devenu aveugle à cause d’un accident au début des années 1920.
Puis, en 1931, en France, Guilly d’Herbemont reconnaissait également le danger du trafic pour les personnes non voyantes ou malvoyantes. Elle a décidé de lancer un mouvement national des cannes blanches et a fait le don de 5 000 cannes blanches aux personnes en ayant besoin. La campagne a rapidement été reprise au Royaume-Uni.
Dans les mêmes années, aux États-Unis, un membre du Club Lions a eu l’idée de peindre les cannes en blanc après avoir vu un homme aveugle tenter de traverser la rue avec une canne noire qui était très peu visible des automobilistes.
C’est ainsi que dans différentes régions du monde, la canne blanche a commencé à être reconnue comme un symbole des personnes ayant une limitation visuelle. À certains endroits, on lui a donné le droit de passage : si une personne levait sa canne blanche à une intersection, les automobilistes devaient s’arrêter pour la laisser passer.
Une technique novatrice pour la mobilité
Durant ces années-là, la canne blanche était faite de bois et était plus courte qu’elle l’est aujourd’hui. Plusieurs personnes l’utilisaient principalement comme symbole pour rendre visible à tout le monde leur déficience visuelle et moins couramment comme outil de déplacement.
C’est après la Deuxième Guerre mondiale que le docteur Richard Hoover, alors assigné à un hôpital traitant des soldats aveugles, développe la canne plus légère et plus longue ainsi que sa technique d’utilisation.
Il commence à enseigner celle-ci tant aux soldats qu’aux étudiants de la Maryland School for the Blind. La méthode consiste à tracer un arc avec la canne d’un côté à l’autre avec la pointe touchant le sol devant le pied arrière lors de la marche.
La canne longue et sa méthode d’utilisation innovent en permettant aux personnes aveugles de se déplacer de façon plus autonome. Cette technique est maintenant utilisée partout dans le monde. Les personnes aveugles ou ayant une limitation visuelle sévère apprennent à l’utiliser grâce à une formation.
Des aménagements inclusifs plus que nécessaires
La canne permet de détecter les obstacles tels que les chantiers de construction, les panneaux de signalisation, les trous, d’éviter les collisions et les chutes. Ainsi, elle joue en rôle primordial dans les déplacements des personnes aveugles.
Toutefois, son utilisation optimale dépend aussi grandement des aménagements inclusifs tels que les lignes de guidage au sol et les pavés texturés aux intersections. Ces aménagements fournissent des informations primordiales aux personnes aveugles en déplacement, en leur permettant de percevoir les différentes textures du sol et les guident dans leurs déplacements.
Mais pour que ça fonctionne, toujours faut-il que les lignes de guidage et autres marquages au sol soient dégagés, en bon état et bien contrastés, tant en couleur qu’en texture afin d’être facilement perceptibles. Si ce n’est pas le cas, ou si des objets encombrent les marquages, les personnes qui utilisent la canne blanche sont soudainement privées de leur autonomie de déplacement.
Un outil qui évolue?
En gros, depuis qu’elle est devenue blanche et que sa technique d’utilisation s’est affinée, la canne n’a pas beaucoup changé. Est-ce qu’elle sera appelée à évoluer prochainement? Difficile à dire. Récemment, on a vu le développement de cannes blanches électroniques qui émettent un son ou une vibration lorsqu’elles détectent un obstacle.
Mais celles-ci sont chères, nécessitent une nouvelle formation et leur utilisation est compliquée par l’apport sensoriel supplémentaire. Pour l’instant, elles sont peu utilisées, mais ça pourrait changer avec le développement de nouvelles technologies.