Un peu d'histoire sur... le braille

Essayez de lire votre livre favori dans l’obscurité la plus totale. Ça peut sembler anodin, mais une telle situation vous priverait d’un souvenir, d’une émotion ou d’une expérience tenue pour acquise. Et pourtant, ça peut être le quotidien de personnes qui ont une limitation partielle ou complète de la vue. Par chance, des visionnaires ont inventé une méthode de lecture par le toucher désormais répandue partout sur la planète : le braille. Ce procédé est l’aboutissement de 3 parcours singuliers, mais particulièrement intéressants.

La sensibilité de Valentin Haüy

Au 16e siècle, on remarque les premières méthodes d’écriture en relief pour permettre aux personnes ayant une limitation visuelle de lire. Jérôme Cardan, Francesco Rampazetto et Pierre Moreau sont parmi les premiers à sculpter du métal ou du bois pour faire ressentir les lettres au toucher. Tous ces avant-gardistes ont définitivement inspiré le Français Valentin Haüy, dont le parcours a grandement influencé la création du braille.

Valentin Haüy est professeur au Bureau académique d’écriture et interprète du Roi. C’est, en 1771, un spectacle mettant en scène de jeunes artistes aveugles ou malvoyants qu’il constate un enjeu majeur. Les spectateurs venaient se moquer des artistes, qui étaient utilisés comme pantins à des fins de divertissement. Choqué par ce dont il était témoin, il a pris les choses en main et a consacré sa vie à inclure les personnes ayant une limitation fonctionnelle.

En 1785, Haüy fonde l’Institution des Jeunes Aveugles. Il y accueille gratuitement des enfants aveugles ou malvoyants afin de leur permettre d’acquérir des compétences manuelles ou lire grâce à des écrits dont les lettres sont texturées de sorte qu’ils soient déchiffrables au toucher.

Charles Barbier de La Serre met le doigt sur une solution

En 1784, 1 an avant la fondation de l’Institution des Jeunes Aveugles, Nicolas-Marie-Charles Barbier de la Serre s’engage comme militaire. Son passage dans l’armée influence son désir de créer un système d’écriture capable d’être déchiffré dans l’obscurité. C’est avec cet objectif en tête qu’il invente la sonographie. Il s’agit d’un procédé qui transcrit des sons grâce à des points en reliefs disposés en 2 colonnes de 6 points.

Charles Barbier de La Serre propose son système d’écriture à l’Institution des Jeunes Aveugles en 1821. À ce moment, l’établissement pouvait compter sur un élève brillant et voué à une grande renommée. Cet élève, c’est Louis Braille.

La vision de Louis Braille

Louis Braille nait le 4 janvier 1809. À 3 ans, il se blesse à 1 œil en jouant avec un outil pour travailler le cuir dans l’atelier de son père. La blessure s’étant infectée, elle se propage jusqu’à son autre œil le laissant complètement aveugle à 5 ans.

Très intelligent pour son âge, il est accepté à l’Institution des Jeunes Aveugles à 10 ans. 2 ans plus tard, il s’intéresse à la sonographie, inventée par Charles Barbier de La Serre. Cette méthode de communication l’inspire à créer l’alphabet braille alors qu’il n’a que 16 ans! Il y inclut des lettres, des chiffres, des signes de ponctuation, et même des notes de musique et des partitions.

Aujourd’hui, le braille est transcrit partout sur la planète, dans différentes langues. L’utilisation du braille s’inscrit également de plus en plus dans l’univers numérique. Évidemment, la communication est primordiale. Comme l’ont démontré Haüy, Barbier de La Serre et Braille, elle peut prendre diverses formes. Elle permet à un plus grand nombre de personnes d’accéder à une éducation de qualité. En favorisant l’inclusion, c’est tout le monde qui en bénéficie.

Sources