Fondation d’AlterGo : Années 1970, changements sociaux et personnes handicapées

AlterGo a 50 ans! Et il s’en est passé des choses depuis les années 1970, lorsque l’organisation, alors connue sous le nom de l’Association régionale pour le loisir des personnes handicapées de l’île de Montréal et de l’île Jésus, a été fondée.

Lors de notre 50e Assemblée générale annuelle, le 28 novembre 2024, nous avons eu l’honneur d’accueillir 4 pionniers qui étaient présents à la toute première AGA d’AlterGo 50 ans plus tôt : Pierre Nadeau, René Dallaire, Jocelyne Richard et Michel Théroux. Nous leur avons remis un certificat pour les remercier de leur présence et de leur engagement.

Nous avons également discuté avec eux de l’époque de fondation d’AlterGo et de comment ça se passait pour les personnes en situation de handicap dans les années 1970.

Voici ce qu’ils nous ont racontés!

Les années 1970, une période de changements

Changements et modernisation. Ce sont deux mots qui reviennent lorsqu’on parle des années 1970 au Québec. La province sort d’une décennie mouvementée, marquée par la Révolution tranquille et la société au complet vit de profonds changements. C’est le début de la vie associative et des mouvements sociaux. Les idées foisonnent et de nombreux projets sont mis sur pieds.

La vie des personnes handicapées dans un monde en évolution

Ces changements touchent également la vie des personnes en situation de handicap. Jusque-là, elles avaient longtemps été cachées, laissées en marge de la société à cause de leur différence. Dans les années 1970, parmi tous les changements, on assiste à une éclosion extraordinaire : on commence à se soucier de la participation sociale des personnes handicapées et à se battre pour leurs droits.

Une manifestation pour les droits des personnes handicapées notamment le transport adapté en 1975. Crédit Photo : Ronald Labelle

Un lieu de rassemblement : la Maison Lucie-Bruneau

Avec ses 135 résidents, la Maison Lucie-Bruneau à Montréal est un lieu central de rassemblement. Un lieu où les personnes en situation de handicap physique peuvent se rencontrer et, surtout, voir qu’elles ne sont pas seules.

Plusieurs de ces personnes n’ont pas de famille et ont vécu toute leur vie jusque-là dans des établissements comme des hospices, des CHSLD ou des hôpitaux psychiatriques. La Maison Lucie-Bruneau est un lieu différent, axé sur la réadaptation. La direction est proactive, la maison foisonne d’idées, de choses à faire et de projets. Ainsi, dans ces années 1970, c’est un lieu où les personnes handicapées ont l’occasion de découvrir une nouvelle façon de vivre.

La maison Lucie-Bruneau dans les années 1970. Crédit Photo : Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Sortir : un défi qui dépasse le manque d’accessibilité

Toutefois, au tout début des années 1970, il reste un obstacle majeur à la participation sociale des personnes handicapées à Montréal : l’absence de service de transport adapté.

Sans transport adapté, les personnes à mobilité réduite peuvent seulement compter sur le taxi ou leur famille pour sortir dans un monde rempli d’obstacles. Elles sont donc la plupart du temps confinées à leur lieu de résidence.

C’est pourquoi le dynamisme des lieux comme la Maison Lucie-Bruneau est aussi important, mais aussi pourquoi la mobilisation des personnes en situation de handicap est difficile jusque-là.

Les Minibus Forest : enfin pouvoir sortir

En 1973, la fondation des Minibus Forest devient un facteur déterminant dans les changements qui s’opéreront au courant de la décennie.

C’est un projet des Frères Forest, Jacques et Jean-Marc, qui ont tous deux l’amyotrophie spinale de type III et qui sont déterminés à se battre pour les droits des personnes handicapées. Avec l’aide de leur mère, ils achètent un premier minibus et lancent leur service à partir de la maison familiale à Anjou, réalisant un rêve de Jacques.

Jacques Forest devant un de ses minibus en 1976. Crédit photo : Ronald Labelle

Ça change tout. Les personnes à mobilité réduite peuvent maintenant sortir. Elles peuvent aller travailler, participer à des réunions, prendre part à des activités, aller à des rendez-vous et plus encore, de façon autonome. Du moment que le lieu où elles se rendent est accessible toutefois, ce qui est encore rare à l’époque.

Les Minibus Forest sont en service durant 7 ans et les 120 000 déplacements qu’ils effectuent durant cette période prouvent que la demande est bien présente.

Une volonté nouvelle pour le loisir

Avec tous ces changements qui s’opèrent, dans cet environnement qui présente une panoplie de nouvelles possibilités pour les personnes en situation de handicap, la mobilisation pour leurs droits prend de l’ampleur et la volonté de développer l’offre de loisir accessible à tous émerge.

Dans toutes les sphères de la société, on assiste à la création d’organismes et de regroupements et c’est la même chose pour ce qui est des droits des personnes handicapées alors que de nouveaux modèles de regroupement d’organismes voient le jour.

L’AGA qui a tout commencé

Le 22 novembre 1975, à la Maison Lucie-Bruneau, on tenait ainsi la toute première Assemblée générale annuelle des membres de l’Association régionale pour le loisir des personnes handicapées de l’île de Montréal et de l’île Jésus. Le regroupement d’organismes vise à rendre accessible le loisir sous toutes ses formes.

L’ambiance est fébrile parce que c’est vraiment le début de quelque chose de nouveau, qui aurait été difficile à imaginer ne serait-ce que quelques années auparavant.

C’est finalement le 27 mars 1976 que l’ARLPH de Montréal commencera ses opérations. Et depuis 50 ans, l’organisation travaille pour la pleine participation sociale des personnes handicapées grâce aux leviers du sport et du loisir.

Une société qui évolue : les années suivantes

Durant les années suivant la fondation d’AlterGo, les choses continuent de changer rapidement. En 1978, le gouvernement du Québec adopte la Loi assurant l’exercice des droits des personnes handicapées. Cette même année, l’Office québécois des personnes handicapées est créé.

Dès 1980, le transport adapté devient une responsabilité des transporteurs publics, qui prennent le relais des Minibus Forest. Jean-Marc et Jacques Forest agissent comme conseillers pour ce nouveau service géré par la Commission de transport de la Communauté urbaine de Montréal (CTCUM).

En 1984, Monique Lefebvre organise le premier Défi sportif AlterGo pour faire rayonner le potentiel des personnes ayant une limitation fonctionnelle.

Et AlterGo a continué tout ce temps de travailler sans relâche pour que l’accessibilité universelle soit.

Des enfants participent à la 2e édition du Défi sportif AlterGo en 1985

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