Luca « Lazylegz » Patuelli est un exemple parfait de l’importance de l’activité physique et de l’expression de soi pour les personnes qui ont une limitation fonctionnelle.
Celui qui est connu d’abord et avant tout pour son style unique de breakdance où il utilise ses béquilles comme extensions de ses bras est aujourd’hui conférencier, entrepreneur, chorégraphe, acteur et continue d’inspirer des milliers de personnes ayant une limitation fonctionnelle à travers le monde à bouger et à s’exprimer par la danse.
Avec son crew ILL-Abilities, Luca Patuelli a performé à la toute première compétition de break dancing olympique et sera aussi à surveiller comme performeur et chorégraphe à la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques de Paris 2024, le mercredi 28 août.
La volonté de bouger
Luca Patuelli a vécu toute sa vie avec l’arthrogrypose, une maladie neuromusculaire rare qui touche les os et les articulations. Encore jeune, il a dû être opéré plus de 15 fois pour soutenir ses jambes, ces hanches, sa colonne vertébrale et ses épaules.
Le danseur se déplace en béquilles ou en fauteuil roulant, mais ça ne l’a jamais empêché de rester actif. Lorsqu’il était jeune, il ne se voyait pas différemment des autres. Il trouvait des moyens créatifs pour faire du sport avec ses amis : baseball, football, soccer, etc. Il a pratiqué le skateboard sur les genoux, a appris à surfer et à skier. Il a même joint les équipes de natation et de plongeon de son école secondaire.
Mais c’est à 15 ans, lorsqu’il a commencé le breakdance que Luca a découvert sa principale passion. Il a immédiatement été charmé par la culture, la musique et la liberté de créer ses propres mouvements. Et le danseur a rapidement développé son propre style en utilisant ses béquilles et la force du haut de son corps.
Danser partout dans le monde
Aujourd’hui, Luca Patuelli est mieux connu sous son nom de b-boy « Lazylegz ». La danse, qui lui a d’abord permis de développer sa confiance, l’amène maintenant à voyager partout dans le monde pour performer, juger, compétitionner et apparaître dans diverses productions ou médias internationaux.
Parmi ceux-ci, on compte So You Think You Can Dance Canada, Star Académie, Tout le monde en parle, The Today Show, America’s Got Talent et beaucoup plus. Il a fait partie de la distribution de la production d’Orphée de Montalvo-Hervieu en France comme danseur principal et a été tête d’affiche et directeur de segment pour les cérémonies d’ouverture des Jeux olympiques et paralympiques de Vancouver en 2010. Jusqu’à maintenant, Lazylegz a performé devant plus de 1 million de personnes dans plus de 30 pays.
Il a aussi mis sur pied le crew ILL-Abilities qui réunit les meilleurs b-boys ayant une limitation fonctionnelle de partout dans le monde et plusieurs de ses performances les réunissent.
Pas d’excuses, pas de limites
Mais lorsque Lazylegz parcourt le monde, ce n’est pas seulement pour performer. Luca Patuelli offre des conférences et des ateliers pour encourager l’inclusion des personnes ayant tout type de limitation fonctionnelle par la danse.
Dans sa jeunesse, Luca ne voyait que rarement des personnes qui lui ressemblaient s’épanouir ou s’accomplir dans la sphère publique. Il n’avait pas beaucoup de modèles. Le danseur profite donc de sa notoriété pour devenir ce modèle et pour inspirer les personnes ayant une limitation fonctionnelle.
Il partage ainsi sa passion pour la danse à des personnes de tous âges et de toutes capacités. Il donne, entre autres, des ateliers ouverts à tous au Centre national de danse-thérapie, initiative des Grands Ballets canadiens.
Il a aussi fondé avec sa femme Melissa Emblin et leur amie Marie-Élaine Patenaudùe, le RAD Movement, un programme de danse urbaine pour les jeunes qui ont un handicap. Ce programme leur a d’ailleurs valu la Médaille du service méritoire en 2015, remise par le Gouverneur général du Canada pour leur dévouement à créer une société plus inclusive.
Changer les mentalités
À travers tout ce qu’il fait, ce que Luca souhaite avant tout, c’est de voir une société plus inclusive et adaptée, où le handicap n’est pas un tabou, mais fait plutôt partie d’une discussion ouverte et qui va dans les deux sens.
Il sent déjà que les choses ont changé depuis qu’il était enfant. Les élèves des écoles qu’il visite pour donner ses ateliers sont plus ouverts et ont moins de jugement. Les personnes qui ont un handicap sont plus visibles en général dans la société.
Malgré tout, il reste du chemin à faire. Heureusement, grâce à des personnes comme Luca « Lazylegz » Patuelli, on peut continuer d’avancer dans la bonne direction.