Helen Keller fait partie du paysage culturel anglophone depuis déjà bien longtemps. Bien qu’elle frôle l’incroyable, force est de constater que l’histoire de cette autrice aveugle et sourde est peu connue dans le monde francophone, notamment au Québec.
Son histoire
C’est dans l’état de l’Alabama qu’est née Helen Keller en 1880. À l’âge de 19 mois, elle a contracté une maladie qui la laissa aveugle et sourde. Les ponts entre le monde et elle étaient coupés. Incapable de communiquer avec son entourage, la fillette s’emportait dans des crises de colère que ses parents étaient bien en mal d’apaiser.
4 ans plus tard, quelqu’un fit irruption dans sa vie et la changea du tout au tout : Anne Sullivan, une jeune éducatrice engagée par ses parents. Employée à l’Institut Perkins pour Aveugles et ayant elle-même des problèmes oculaires, la jeune femme possédait l’expertise nécessaire pour enseigner à communiquer à Helen Keller. Pour y arriver, une chose était d’abord de mise : séparer la jeune fille de ses parents qui cédaient toujours à ses caprices. S‘étant retirée dans une grange avec sa nouvelle élève, Anne Sullivan passa les jours suivants à esquisser des signes dans la paume de Helen Keller avant de lui faire toucher un objet. C’est lorsqu’Anne prit la main de Helen et lui fit toucher de l’eau pour ensuite lui épeler le mot dans la paume de sa main (w-a-t-e-r en anglais) qu’Helen saisit le but de l’exercice. Anne Sullivan venait de la libérer. À cet instant, le jardin où elles se trouvaient devint une terre d’exploration pour la jeune Helen Keller qui désirait apprendre le nom de tout ce qu’elle touchait. S’ensuivit dans les mois d’après l’apprentissage du braille et de la langue des signes.
6 ans plus tard, Helen Keller intégra l’Institut Perkins pour Aveugles. En 1894 Anne Sullivan et elles déménagèrent à New York pour que Helen puisse entrer à la Horace Mann School for the Deaf and Hard of Hearing. 2 ans plus tard, elles retournèrent au Massachusetts. Helen s’inscrit à l’École de Cambridge pour jeunes filles avant d’être admise en 1900 à l’Université de Harvard.
Anne Sullivan accompagna Helen Keller en tant que proche aidante et l’aida dans ses études en traduisant notamment des textes en braille et en l’accompagnant dans sa vie quotidienne. Anne est décédée en 1936 à la suite d’un coma dû à un infarctus du myocarde. Dans son livre Ma libératrice : Anne Sullivan Macy, Helen Keller reconnait sans hésiter les difficultés qu’elle et Anne Sullivan ont rencontrées sur leur route ainsi que la contribution essentielle que lui a apporté son éducatrice et amie tout au long de sa vie.
À partir de 1961, Helen Keller subit une suite d’attaques cérébrales. Elle mourut dans son sommeil 7 ans plus tard, en 1968, à Easton dans le Connecticut.
Son héritage
En plus de sa vie académique, Helen Keller a mené une vie militante. En effet, elle a milité en tant que suffragette pour le droit de vote des femmes et a prêté ses efforts aux ouvriers ainsi qu’aux minorités. Qui plus est, elle a donné des conférences à travers le monde en faveur de la reconnaissance et de l’aide aux personnes handicapées, notamment pour l’American Foundation for the Blinds. À noter que son engagement a contribué en bonne partie à faire sortir les sourds-muets des asiles. En 1915, elle a fondé l’organisation Helen Keller International dédiée à la prévention de la cécité et de la malnutrition. Aujourd’hui, l’organisation est présente dans 22 pays.
Helen Keller a fait preuve d’un amour débordant pour l’écriture. Dès ses études supérieures, elle s’est adonnée à cet exercice pour finalement publier une vingtaine d’ouvrages au cours de sa vie, soit des romans, des essais et des autobiographies en plus de nombreux articles de journaux. Son livre le plus célèbre The Story of my Life (intitulé Sourde, muette et aveugle en français) a été traduit dans plus de 50 langues et fait l’objet de réadaptations cinématographiques et théâtrales. De son vivant, Helen Keller a reçu plusieurs distinctions, dont celle d’être inscrite sur le National Women’s Hall of Fame à Seneca Falls, à New York.
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