Se donner les moyens de ses ambitions

La consultation publique maintenant terminée, la Ville de Montréal dispose d’une foule d’avis sur son ébauche de Plan d’action 2019-2020 en accessibilité universelle. Déploiera-t-elle les ressources financières et humaines nécessaires à la réalisation de ce plan et aux propositions des participants à la consultation? C’est la question que se posent plusieurs acteurs du milieu. Cependant, afin de guider l’administration municipale dans la bonne direction, AlterGo et des membres se sont concertés pour formuler des recommandations communes qui aideraient la Ville à se doter d’une structure permettant d’atteinte ses ambitions.

Dans un mémoire déposé auprès de la Ville, AlterGo et des membres appellent la Ville à mettre en place un Bureau de l’accessibilité universelle. Ce bureau permettrait de mettre de l’avant une vision et exercer un leadership mobilisateur au sein de l’administration municipale. Il relèverait de la direction générale, compterait une équipe compétente et qualifiée et disposerait d’un budget adéquat. Qui plus est, au sein de cette instance serait créé un poste de commissaire à l’accessibilité universelle, ainsi qu’une commission permanente sur le sujet, comme le fera prochainement le gouvernement du Canada.

Cette recommandation générale devrait être suivie avant toute autre, afin que les actions de la Ville soient cohérentes et entreprises avec une vision globale, que les sommes investies deviennent des leviers et que le suivi et l’efficacité des actions soient mesurés de façon précise, en partenariat avec tous les acteurs.

Collaboration

Le mémoire est le fruit d’une importante démarche participative. Aussitôt la tenue de la consultation publique municipale annoncée en octobre dernier, AlterGo a fait appel à la participation d’organismes membres. Ceux-ci ont été invités à se rencontrer, ainsi qu’à partager, en ligne, leurs propositions, leurs actions de communication et leurs intentions de participation aux séances de consultation. Les propositions et préoccupations exprimées ont ensuite figuré dans le mémoire déposé par AlterGo. Des membres ont particulièrement collaboré à la formulation de la recommandation générale : notamment le Centre d’intégration à la vie active (CIVA), Parasports Québec, l’Association d’entraide des personnes handicapées physiques de Montréal (ALPHA-Montréal), Autisme Montréal, la Société canadienne de la sclérose en plaques – section Montréal, le Centre communautaire Radisson et Vie autonome – Montréal. Certains ont repris la recommandation dans leurs propres mémoires déposés auprès de la Ville. Vous pouvez les consulter ici et ici.

Parallèlement à cette démarche, AlterGo et Déphy Montréal ont arrimé des éléments d’une recommandation commune, soit la création d’un Bureau de l’accessibilité universelle, qui relèverait de la direction générale de la Ville.

L’exemple PALIM

Vu le soutien qu’elle accorde à un de ses leviers d’inclusion, il est compréhensible de se demander si la Ville se donnera les moyens de ses ambitions.

Depuis 2010, le budget accordé par les services centraux au Programme d’accompagnement en loisir de l’île de Montréal (PALIM) stagne même si un projet a été mis en place pour répondre aux besoins spécifiques de jeunes ayant une déficience motrice sévère. Pendant ce temps, les coûts, eux, augmentent. Résultat : des organisations qui offrent des activités de loisir aux personnes ayant une limitation fonctionnelle sont contraintes de refuser des participants et de réduire le nombre d’heures d’accompagnement qui leur sont offertes. Pourtant, le PALIM, qu’AlterGo coordonne depuis son lancement en 1997, vise à favoriser l’accessibilité au loisir pour les personnes ayant une limitation fonctionnelle. Cependant, avec son budget qui plafonne depuis 9 ans, et puisque de plus en plus d’organisations ont besoin d’un soutien afin d’inclure les personnes ayant une limitation fonctionnelle, de moins en moins d’heures d’accompagnement sont offertes par personne. Ceci porte une atteinte importante aux droits des enfants pour qui les besoins ne sont pas répondus, spécifiquement dans les camps de jour. Cette situation représente un risque important pour les organisations et les instances responsables du loisir. Comme on a pu le voir notamment à Québec, elles risquent de devoir rendre des comptes et payer des amendes importantes si des plaintes étaient déposées par des citoyens dont les droits ne sont pas appliqués.

Elsa Lavigne
directrice, accessibilité universelle

Sur l’image : Des pictogrammes illustrent divers types de limitations fonctionnelles, avec, en arrière-plan, les silhouettes de différents lieux emblématiques montréalais.