Une étude menée par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) fait état de nombreux obstacles qui se dressent sur la route des élèves québécois handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (HDAA), dont la proportion et le nombre ont bondi en 14 ans.
L’étude révèle que selon les données les plus récentes, un élève sur cinq (soit 20,4 %) était en situation de handicap ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage dans les écoles primaires et secondaires du Québec en 2015-2016. En comparaison, le ratio était d’un sur cent (10,8 %) en 2001-2002.
Toutefois, près de deux de ces élèves sur cinq quittent le secondaire sans diplôme ni qualification. Entre 2008 et 2016, ils étaient trois à six fois plus nombreux à le faire que les élèves dits « réguliers ».
Selon les témoignages de parents, certains types d’élèves HDAA — ceux ayant un trouble du spectre de l’autisme ou encore, une déficience intellectuelle, visuelle ou auditive — sont plus souvent écartés des classes ordinaires. Pourtant, la loi, ainsi qu’une politique ministérielle privilégient leur intégration en classe ordinaire, quand cela est dans leur intérêt.
Au reste, ces écoliers manquent de services spécialisés en classe ordinaire. Des orthophonistes, orthopédagogues, préposés aux élèves, psychoéducateurs et autres ont indiqué qu’ils n’ont souvent que quelques heures ou minutes par semaine à leur accorder.
Une approche aux effets pervers
Par ailleurs, nombre de ces élèves ne reçoivent pas tous les services spécialisés nécessaires pour réussir à l’école, en raison de l’approche « catégorielle » de financement des commissions scolaires. En vertu de cette approche, le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur finance les services pour une seule limitation fonctionnelle, alors qu’un élève pourrait en présenter plus d’une.
D’autre part, les élèves peuvent pâtir des préjugés du personnel scolaire, qui sous-estime leurs capacités. Ils peuvent attendre des années avant qu’un spécialiste évalue leurs besoins ou leurs capacités et manquer de mesures d’adaptation en dehors des heures de cours, ce qui les exclut, par exemple, des activités parascolaires ou des sorties éducatives.
À la formation professionnelle ou « aux adultes », leurs enseignants ne sont pas assez formés pour répondre à leurs besoins et ils ont peu ou pas de services spécialisés, alors qu’ils semblent être de plus en plus nombreux.
Recommandations
Afin de répondre aux constats qu’elle fait, la CDPDJ formule de nombreuses recommandations aux autorités.
Elle encourage notamment le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur à adopter une approche individualisée au lieu de l’approche dite « catégorielle ». Elle lui suggère aussi de fixer, avec les commissions scolaires, des objectifs sur la diplomation et la qualification des élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage. Elle l’invite également à identifier ce type d’élèves inscrits à la formation professionnelle et à garantir le financement qu’il leur faut pour adapter les services, tout en recommandant aux commissions scolaires d’avoir des plans pour former et soutenir les enseignants.
Un résumé de l’étude menée par la CDPDJ est disponible sur le site web de la Commission. La version complète est disponible en cliquant ici.
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