Dans la tête de Meriam Mahran

Ce mois-ci, nous vous faisons découvrir l’artiste visuelle Meriam Mahran! Membre de l’Association multiethnique pour l’intégration des personnes handicapées (AMEIPH), Meriam Marhan pratique le dessin, la peinture et le modelage.

Meriam Mahran, tu es membre de l’AMEIPH; comment as-tu entendu parler de cette association?

Un intervenant du Programme régional d’accueil et d’intégration des demandeurs d’asile (Praida) a pris contact avec l’AMEIPH pour m’y référer. Ce n’était pas très longtemps après mon arrivée au Canada. Ça fait 5 ans que j’habite ici.  

Qu’aimes-tu faire à l’AMEIPH?

Dessiner, aller à l’école. Apprendre le français. Faire de la peinture, du modelage. Toutes les activités artistiques, j’adore ça!  

Depuis combien de temps pratiques-tu ton art?

5 ans. Je venais tout juste d’arriver au Canada quand j’ai commencé à dessiner! Je n’avais jamais vraiment pratiqué d’activités d’art avant, en Syrie. Mais mon frère dessinait déjà, lui. Et quand j’ai commencé, à l’AMEIPH, c’est devenue ma passion aussi. Toute ma famille a le talent de la peinture et de l’art.

Peux-tu nous en dire plus sur ta démarche créative ou sur ce qui t’inspire?

Je cherche dans des livres, une belle image, que j’aime. Après, dans ma tête, je transforme l’image selon ce que je veux représenter. Je n’ai pas de thème particulier, j’aime m’inspirer de plein de choses et de belles images. Quand je crée, je suis très concentrée, dans ma bulle. À l’AMEIPH, les autres sortent leur collation, mais moi, je continue de dessiner. C’est comme si le temps s’arrêtait pour moi. Des fois, je suis tellement dans ma zone créative que je ne me rends pas compte que c’est l’heure de partir!

Oeuvre de Meriam Marhan : des silhouettes dorés sur fond bleu Oeuvre de Meriam Marhan, des silhouettes oranges sur un fond rouge.

J’aime utiliser toutes les couleurs, je cherche la bonne selon ce que je suis en train de créer. Je recherche aussi la Beauté. C’est important pour moi que les autres trouvent mes œuvres belles. Mais, avant tout, je dois trouver ça beau, moi aussi. Je peux être assez exigeante. Ça m’arrive d’ajouter des détails, même si les autres trouvent que c’est déjà beau. Je prends mon temps, je regarde bien. J’essaie de reproduire ce que j’ai dans ma tête. À l’AMEIPH, des fois, on apprend de nouvelles techniques, mais je trouve toujours une nouvelle façon d’utiliser ces techniques. Après, tous les autres veulent faire comme moi! (Rires) J’aime essayer quelque chose de complexe. Par exemple, la création de mon oiseau en métal repoussé a duré plusieurs mois.

Oeuvre de Meriam Marhan : Paon en métal repoussé.

Où tes œuvres ont-elles été exposées?

J’en ai envoyé plusieurs dans les expositions! À la session d’hiver de l’AMEIPH, qui dure 3 mois, on fait des œuvres en 2 dimensions. Pendant la Semaine québécoise de la déficience intellectuelle, on les expose à l’Écomusée du fier monde. C’est organisé par D’un œil différent. Ça fait 3 ans que j’expose là-bas. Mes œuvres sont toujours choisies et vendues; j’en suis très fière. L’an dernier, mon œuvre a même été achetée par l’invité d’honneur du programme. À chaque année, j’expose aussi tout le mois de mai au Centre Saint-Pierre. Tous les participants du programme « Je découvre » de l’AMEIPH ont l’opportunité d’y exposer au moins 1 œuvre. J’ai aussi déjà exposé au Centre communautaire du Centre-Sud et à l’UQÀM, dans l’agora. Je participe aux Salons de l’artisanat, au mois de décembre. J’anime un kiosque et je vends mes objets d’artisanat, que je crée à la session d’automne de l’AMEIPH. J’aime beaucoup modeler des décorations en pâte fimo ou en argile. Ça se vend bien pour Noël. J’adore créer et vendre mes œuvres! Et sortir, aussi, voir les expositions. J’aimerais continuer longtemps.

Oeuvres de Meriam Marhan, coeurs et étoiles en pâte fimo ou en argile.

Quels obstacles rencontres-tu dans ta vie de tous les jours?

J’ai de la difficulté à me faire comprendre. Je n’ai pas toujours quelqu’un pour parler avec moi, pas beaucoup d’amis. Parler, pour moi, c’est difficile. Mais j’aime aller à l’AMEIPH. Là-bas, j’ai des amis.

Qu’aimerais-tu dire à un nouvel arrivant qui aurait aussi une limitation fonctionnelle?

Il faut tout de suite demander de l’aide pour la langue, le français. Pour parler la langue. Après, il faut faire des choses. Sortir, faire des activités. Faire ce qu’on aime. C’est important.

Si tu étais…

  • Un animal : Perroquet
  • Un dessert : Gâteau syrien saupoudré de sucre
  • Un mot : Merci
  • Une couleur : Rouge
  • Un type de film : Les films romantiques
  • Un fruit : Fraise

*Merci à Ana Maria Barletta, de l’Association multiethnique pour l’intégration des personnes handicapées, pour son aide facilitatrice lors de l’entrevue.

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