Comment ne pas interagir avec les personnes qui ont une limitation fonctionnelle?

En cette Semaine québécoise des personnes handicapées, nous sommes tous invités à réfléchir à comment nous interagissons avec les personnes handicapées et comment nous pouvons devenir un allié pour elles.

Mais comme la plupart d’entre nous n’interagissent pas régulièrement avec une personne ayant un handicap, apparent ou non, on peut ressentir un certain inconfort, ne pas savoir comment agir ou être intimidé par les différences de la personne. C’est normal! Mais ça renforce encore plus l’importance d’apprendre comment interagir avec elle.

Et la base pour interagir avec une personne ayant une limitation fonctionnelle est assez simple. C’est la même que pour interagir avec n’importe qui d’autre : comme tout le monde, ces personnes méritent d’être écoutées et respectées, d’être considérées et traitées comme des personnes à part entière.

Voici quelques exemples :

Leçon numéro 1 : les limitations fonctionnelles ne sont pas toujours apparentes.

Jonathan porte des orthèses pour marcher, mais lorsqu’il porte des pantalons, ce n’est pas très apparent.

« Récemment, je descendais de ma voiture stationnée dans un espace réservé pour les détenteurs de vignette et une personne assise dans son véhicule la fenêtre baissée m’a crié «T’as pas le droit de te parker là! » Lorsque qu’on lui a pointé la vignette sur mon rétroviseur, il s’est exclamé «Ça ne se peut pas, c’est une fausse!» »

L’homme n’avait pas nécessairement de mauvaises intentions, il souhaitait éviter que le stationnement réservé soit bloqué de façon frauduleuse.  

« Ça montre que certaines personnes ont une idée très stéréotypée des personnes qui ont une limitation fonctionnelle. »

Effectivement, il faut retenir qu’il y a de très nombreuses limitations fonctionnelles et qu’elles peuvent être invisibles à première vue. Ça ne veut pas dire qu’elles sont absentes. Pensez à cela avant de supposer quoique ce soit sur la situation ou la réalité d’une personne que vous ne connaissez pas.

Et si vous voulez aborder une personne, faites-le avec respect et écoutez-la. Pas besoin de crier et de l’accuser de mentir.

Leçon 2 : le fauteuil roulant, une partie de la personne

Amanda, qui se déplace en fauteuil roulant, était sortie du bureau sur l’heure du dîner. « J’imagine que j’étais dans le chemin de quelqu’un, parce qu’une personne a bougé mon fauteuil roulant pour pouvoir passer. »

Le fauteuil roulant, c’est une partie de la personne, c’est son moyen de déplacement. Faire quelque chose comme ça, c’est comme prendre une personne debout sur le trottoir par les épaules et la déplacer ou la pousser hors de son chemin.

Ce n’est pas très respectueux.

Si une personne ayant une limitation fonctionnelle vous bloque le chemin, vous pouvez simplement lui demander de vous laisser passer, comme vous le feriez pour n’importe qui d’autre.

Et avant de toucher le fauteuil roulant d’une personne, demandez-lui toujours son accord.

Même si c’est pour l’aider? Oui. Commencez par demander à la personne si elle a besoin d’aide. Écoutez-la! Elle est la mieux placée pour vous dire comment vous pouvez l’aider. Si elle dit non, respectez son autonomie. 

C’est la bonne chose à faire non seulement pour les personnes en fauteuil roulant, mais pour toutes les personnes en situation de handicap.

Leçon 3 : soyez conscients de vos préjugés

Pour Julia, le pire c’est l’indifférence, les commentaires maladroits et les regards insistants ou fuyants.

« Souvent, on me demande le nom de ma fille au lieu de lui demander directement. On fait ouvertement des commentaires très maladroits la concernant «Pourquoi elle est comme ça? Elle comprend ce que je dis? » Ça nous fait sentir un mélange de tristesse et de frustration et un sentiment de ne pas avoir le droit de vivre comme tout le monde. Le handicap est perçu comme un problème alors que c’est une partie naturelle de la diversité humaine. »

Si vous entamez une conversation avec une personne ayant un handicap et son accompagnateur, n’ignorez pas la personne, n’évitez pas de la regarder, adressez-lui la parole directement.

Oui, ça peut vous sembler inconfortable à première vue, mais faites l’effort de passer par-dessus votre malaise pour traiter la personne avec compassion et respect.

« Soyez conscient de vos préjugés! On en a tous, mais dès qu’on en prend conscience, on est capable de se remettre en question et de s’ouvrir véritablement à l’autre. Soyez empathique, pas seulement sympathique. Demandez-vous comment vous vous sentiriez si on vous ignorait complètement ou si on pointait constamment du doigt votre différence? »

Leçon 4 : des personnes à part entière

Oanh se déplace en fauteuil roulant et a dû plus d’une fois faire face à des avances inappropriées provenant de personnes mal intentionnées.

« Un homme m’a déjà approché pour me dire que j’étais cute pour une handicapée et a insinué des idées tout à fait inappropriées. Lorsque j’ai rejeté ses avances, il s’est mis en colère, m’a traité de tous les noms et a fini par « tu devrais te compter chanceuse d’avoir eu de l’attention dans ta condition.» »

Bien sûr, ce genre de choses peuvent arriver à tout le monde, pas uniquement aux personnes ayant une limitation fonctionnelle. Mais ces personnes sont plus souvent vulnérables dans de telles situations.

« La personne avait clairement un manque de savoir-vivre envers les femmes en général, j’en suis certaine, mais être une femme en fauteuil roulant n’a qu’augmenté mon sentiment d’insécurité et d’impuissance par mon incapacité à fuir la situation. »

Les personnes handicapées sont des personnes à part entière, pas des personnes moindres ou des objets de curiosité.

Et si vous êtes témoin d’une situation et que vous en êtes capable, vous pouvez aider une personne vulnérable qui fait face à du harcèlement en détournant l’attention, en demandant de l’aide ou en documentant la scène pour l’aider à prouver ce qui s’est passé aux autorités.

Leçon 5 : des questions indiscrètes

Poser des questions, c’est acceptable?  Oui, si c’est pour demander comment vous pouvez aider. Mais si vous ne connaissez pas la personne, gardez vos questions personnelles pour vous. L’épicerie, ce n’est pas l’endroit où demander à quelqu’un pourquoi il utilise un fauteuil roulant, par exemple.

Oui, peut-être que certaines personnes seraient ouvertes à vous répondre, mais ça reste une question personnelle et les personnes handicapées ne vous doivent pas d’explications. Surtout si vous ne prenez même pas la peine d’entamer une conversation avec elles avant de demander « Qu’est-ce qui t’est arrivé? » ou « Pourquoi tu es de même? »

Au risque de se répéter, soyez respectueux et empathique envers la personne lorsque vous discutez avec elle. Ce sera une meilleure expérience pour tous.

Écouter et respecter

Bref, peu importe dans quelle situation vous croisez une personne en situation de handicap, la base reste la même : respectez-la, écoutez-la et n’assumez pas des choses à son sujet.

En faisant preuve d’ouverture et en vous mettant à la place de l’autre, vous pourrez passer par-dessus vos préjugés et votre inconfort à leur égard afin de devenir un allié pour les personnes qui ont une limitation fonctionnelle.

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