On déboulonne 7 mythes sur les personnes ayant une limitation fonctionnelle et on vous explique comment éviter les préjugés.
Mythe #1 : Les personnes ayant une déficience intellectuelle ne sont pas conscientes de leur différence.
Malheureusement, ce mythe provoque la condescendance et la méchanceté gratuite d’une partie de la population envers les personnes ayant une déficience intellectuelle. Certes, ces personnes ont plus de difficulté à cerner leur réalité, mais ça ne fait pas d’elles des êtres insensibles qu’on peut insulter sans qu’ils s’en rendent compte.
Alors, quoi faire pour mieux inclure les personnes ayant une limitation intellectuelle?
+ Écouter : On évite de parler ou de décider à leur place.
+ Simplifier : On parle d’un sujet à la fois.
+ Sourire : Pour les inclure et favoriser leur participation, on leur offre le même visage accueillant qu’au reste de la population.
Mythe #2 : Les personnes sourdes sont aussi muettes.
Qualifié d’offensif par l’Association des Sourds du Canada, le terme « sourd et muet » est à proscrire, car il est faux. La surdité et le mutisme affectent deux parties du corps totalement différentes; les personnes sourdes ont souvent des cordes vocales en parfait état! Elles peuvent décider de les utiliser ou non. Le véritable « sourd et muet » popularisé par les films et les romans existe dans un très faible pourcentage dans la vraie vie : il ne peut donc pas représenter l’ensemble des personnes sourdes.
Pour mieux inclure une personne sourde, on doit :
+ S’informer : les personnes sourdes ou ayant une limitation auditive peuvent communiquer par langue des signes québécoise, langue écrite, langue orale, langue parlée complétée (aidant à la lecture labiale) ou par gestes et signes d’usage courant. Attention : il arrive qu’une personne maîtrise tous ces types de communication ou n’en maîtrise qu’un.
+ Toujours, si la personne a un interprète, s’adresser directement à la personne (et non à l’interprète) en utilisant le « tu/vous », et non le « il/elle ».
+ S’assurer d’obtenir son attention. Dans le présent contexte sanitaire où notre bouche est couverte, il se peut que la personne ne remarque pas qu’on lui parle.
Mythe #3 : Les personnes qui utilisent un fauteuil roulant ne peuvent pas marcher/Les personnes qui peuvent marcher n’ont aucune déficience motrice.
La déficience motrice d’une personne peut être de naissance ou provoquée par une maladie/un accident, et affecte la motricité à différents degrés. Ce n’est pas parce qu’une personne peut se lever de son fauteuil roulant qu’elle n’a pas de handicap. Ce n’est pas parce que la limitation d’une personne est invisible que cette personne n’est pas en situation de handicap. La sclérose en plaques, la fibromyalgie ou les rhumatismes sont des conditions douloureuses et épuisantes, malgré leur invisibilité, et nécessitent la compréhension et la bienveillance de la population.
Pour simplifier les déplacements d’une personne ayant une déficience motrice, on…
+ S’assurer que la personne a assez d’espace pour se mouvoir et retirer les obstacles sur son chemin.
+ Demander toujours si elle a besoin d’aide et comment l’aider avant de la toucher ou de toucher son fauteuil. C’est une question de respect et de sécurité, puisque vous pourriez la blesser en la déséquilibrant, par exemple.
+ Respecter les espaces réservés, qui sont une nécessité et non un privilège pour les personnes qui en ont besoin.
Mythe #4 : Les personnes ayant un trouble du langage ou de la parole ont nécessairement une déficience intellectuelle.
L’aphasie, la dysphasie, le bégaiement et la dyslexie sont des exemples de troubles du langage ou de la parole. Ces troubles peuvent affecter l’élocution ou la capacité d’une personne à comprendre le langage, à trouver les bons mots, ce qui rend sa communication plus difficile. Toutefois, les personnes qui ont des troubles de langage ou de la parole n’ont, dans la majorité des cas, pas de déficience intellectuelle ou de trouble d’apprentissage.
Pour mieux inclure une personne ayant un trouble du langage-parole, il faut :
+ Éviter l’infantilisation.
+ Parler lentement avec des phrases courtes et poser des questions qui peuvent se répondre par oui ou par non. Répéter si nécessaire, on est à l’écoute et patient.
+ Résumer ce qu’on a compris de ses propos pour l’aider à compléter sa communication, seulement si elle semble en difficulté. Éviter de finir les phrases de la personne ou de présumer ce qu’elle va dire, puisque ça peut être très frustrant.
Mythe #5 : Avoir une déficience visuelle signifie être aveugle.
Selon l’Office des personnes handicapées du Québec, 93% des personnes ayant une déficience visuelle sont fonctionnellement voyantes. Qu’elles aient l’aide d’un chien-guide, d’une canne blanche ou d’un accompagnateur, ces personnes peuvent avoir un champ visuel limité ou obstrué, et tout de même percevoir la lumière, les couleurs ou les formes. Beaucoup d’entre elles peuvent même lire avec des outils adaptés (loupe, grossissement de caractères, etc.). Ainsi, il est important de se renseigner sur l’information visuelle perçue par chaque personne, pour mieux veiller à son confort.
Pour avoir une interaction agréable avec une personne ayant une limitation visuelle, on doit :
+ Utiliser un vocabulaire précis pour décrire l’espace et les gestes posés si on la guide : « gauche », « droite », « devant », « derrière », « premier corridor » au lieu de « par ici » et « par là ».
+ S’assurer qu’on ne se trouve pas devant une source lumineuse dérangeante quand on discute et, lorsque c’est possible, on gère la lumière intérieure pour limiter l’éblouissement sur diverses surfaces.
+ Ne pas toucher et ne pas parler à un chien guide quand il est au travail. Il doit être concentré sur sa tâche, c’est un professionnel formé avant d’être un animal de compagnie.
+ Prévoir des communications accessibles lorsqu’on occupe un rôle décisif, pour s’assurer que les personnes ayant une déficience visuelle aient accès à l’information.
Mythe #6 : Les personnes ayant un trouble du spectre de l’autisme sont des génies qui supportent mal la proximité des autres.
Ce mythe fait passer les personnes ayant un TSA pour des surdoués reclus. Cette affirmation est dommageable, non seulement parce qu’elle invisibilise celles et ceux qui ne présentent pas de talent hors du commun, mais aussi parce qu’elle les dépeint aussi comme des gens se coupant volontairement de la société. Or, bien que les personnes ayant un trouble du spectre de l’autisme puissent vivre leurs relations sociales différemment, leur besoin d’interaction varie autant que pour les personnes neurotypiques.
Pour mieux communiquer avec les personnes ayant un trouble du spectre de l’autisme :
+ Prendre le temps de se familiariser avec la façon dont elles s’expriment et leur demande de confirmer si on les a bien compris.
+ Préconiser le sens littéral des mots. (Le second degré et l’ironie sont souvent mal compris par ces personnes, tout comme les expressions imagées.)
+ Ne pas interpréter les moments d’attente ou l’absence de réponse immédiate à une question comme un manque de coopération. Certaines personnes ont besoin de plus de temps pour saisir l’ensemble de l’information et donner une réponse.
Mythe #7 : Les gens ayant un trouble de santé mentale sont paresseux.
« Ils ont juste à changer leur perspective, à voir le verre à moitié plein. »
« Ce qui lui arrive n’est pourtant pas si grave. »
« Tu capotes pour rien. »
La violence des jugements envers les personnes ayant un trouble de santé mentale cause énormément de ravage dans notre société. C’est d’autant plus étonnant que personne n’est à l’abri du risque de développer un trouble de la santé mentale au cours de sa vie. Non, le trouble ne disparaîtra pas « avec un peu de bonne volonté ». Respectons le besoin d’aide professionnelle et médicale des personnes ayant un trouble de la santé mentale. Ces dernières vivent souvent beaucoup de culpabilité et n’ont pas besoin de mépris.
Quoi faire pour améliorer l’inclusion des personnes ayant un trouble de la santé mentale?
+ Pratiquer l’écoute active (empathie, acceptation, compréhension, bienveillance) et le renforcement positif axé sur leurs capacités et non sur les enjeux qu’elles rencontrent.
+ Les inviter, sans les presser, à faire appel à une ressource spécialisée si elles ne sont pas diagnostiquées ou appeler les secours si la personne se trouve dans une situation dangereuse.
+ Rester attentif afin de détecter d’éventuelles situations de détresse.
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