Spectre de l'autisme - mesures adaptées et inclusives dans le sport, le loisir et la culture

Notre article Survol du spectre de l’autisme explorait différentes caractéristiques qui distinguent les personnes ayant un trouble du spectre de l’autisme (TSA) de leurs pairs neurotypiques.

Ces différences peuvent causer des difficultés de communication ou d’interactions sociales en plus de rendre certains environnements problématiques pour ces personnes. Par conséquent, elles ont souvent plus de difficultés à prendre part à des activités culturelles, sportives et de loisir.

Pourtant, les personnes sur le spectre de l’autisme méritent comme tout le monde d’être incluses dans les activités de sport et de loisir pour profiter de leur vie au maximum. Heureusement, cela est possible grâce à des mesures adaptées inclusives concrètes.

Des mesures inclusives pour les personnes autistes

Pour commencer, voici une liste d’adaptations inclusives concrètes et générales qui peuvent s’appliquer à plusieurs milieux et environnements :

  • Adapter l’environnement : tamiser l’éclairage et réduire les niveaux sonores afin de permettre aux personnes autistes qui ont une hypersensibilité d’être plus à l’aise.
  • Aménager une salle d’apaisement : mettre à la disposition de tout le monde une salle confortable et calme. Une personne qui se sent dépassée pourra y prendre un moment de relaxation pour se sentir mieux.
    • L’aménagement d’une salle d’apaisement est d’autant plus important s’il est difficile ou impossible d’adapter l’environnement lumineux et sonore.  
    • Si un manque d’espace ou autre empêche de dédier une salle à la relaxation, déterminer quel espace est le plus calme et l’indiquer comme alternative aux personnes qui pourraient en avoir besoin.
  • Fournir des repères et des consignes claires : s’assurer de bien expliquer à quoi s’attendre de l’activité ou du milieu et de bien communiquer les règles applicables et les attentes sociales, que ce soit en personne ou avec un guide disponible avant l’activité.
    • Il est utile d’avoir des instructions écrites ou illustrée.
  • Offrir un accompagnement ou un accueil personnalisé : lorsque possible, cela permet d’assurer une bonne expérience pour la personne autiste tout en aidant le personnel à comprendre ou à répondre à ses besoins particuliers.
    • S’assurer d’éviter les préjugés associés au TSA et de comprendre les besoins spécifiques de la personne autiste.
  • Proposer des formations : outiller les intervenants, collègues, animateurs ou autres afin de s’assurer qu’ils sachent comment interagir avec les personnes autistes.

À noter qu’il est toujours préférable de consulter des personnes sur le spectre de l’autisme, des accompagnateurs ou des organismes spécialisés pour s’assurer de mettre en place des mesures vraiment utiles, inclusives et adaptée à son activité de sport ou de loisir.

 Les mesures adaptées dans le sport et les loisirs

Il y a plusieurs défis potentiels pour les personnes sur le spectre de l’autisme dans les milieux du sport et du loisir, entre l’environnement souvent bruyant, les règles sociales strictes, la coordination et la motricité nécessaires ou simplement le défi d’être acceptées dans une activité pratiquée principalement par des personnes neurotypiques.

Toutefois, une bonne préparation et des mesures d’inclusions adaptées permettent de contrer cela et de rendre le sport et le loisir plus accessibles aux personnes autistes.

Choisir le bon sport ou le bon loisir

On considère généralement les sports individuels comme mieux adaptés aux personnes ayant un TSA. La natation, l’escalade, l’athlétisme, les quilles et la course en sont de bons exemples.

Mais trouver un sport qui intéresse la personne autiste et qui correspond à ses forces et faiblesses est le plus important.

Des programmes et des centres offrent des activités de sport et de loisir spécialement destinées aux personnes sur le spectre de l’autisme. Cela ne veut pas dire qu’il est impossible pour elles d’intégrer un club sportif ou une activité de loisir avec des personnes neurotypiques.

Voici des mesures inclusives d’adaptation qui permettent d’y arriver :

Bien se préparer

Pour la personne autiste ou ses parents :

  • Communiquer avec les responsables pour discuter des adaptations qui peuvent être faites pour répondre à ses besoins particuliers et favoriser une bonne expérience.
  • Observer une séance pour voir si l’environnement convient et identifier les défis potentiels.
  • Prévoir des routines ou des activités calmantes avant et après l’activité afin de réduire le stress et de bien se remettre de l’activité.
  • Prévoir, si nécessaire, des supports de communication.

Pour les organisateurs de l’activité :

  • Trouver les meilleurs moyens d’inclure les personnes autistes dans ses activités en les consultant.
  • Évaluer souvent ce qui fonctionne et ne fonctionne pas.
  • Faire les adaptations de base si possible : réduire les lumières, limiter les sons forts, permettre aux participants de se lever et de bouger durant les explications ou l’activité, avoir des espaces calmes, etc.
  • Rendre l’agenda détaillé de l’activité accessible aux participants et éviter les changements de dernière minute.
  • Prendre le temps de connaître la personne autiste et de comprendre ses besoins particuliers.
  • Présenter les exercices un à la fois afin que la personne autiste assimile plus facilement ce qui est attendu d’elle. Donner immédiatement des commentaires concrets.
  • Faire une démonstration lorsque possible.

Exemples et ressources :

Fédération québécoise de l’autisme : activités physiques ou sportives

Participate! Loisirs et autisme

Les mesures adaptées dans la culture

Les événements culturels ou à grand déploiement tels que les spectacles, les musées et les matchs sportifs peuvent aussi représenter un défi pour les personnes autistes. Bien sûr, l’intensité des sons et des éclairages y est pour quelque chose.

Et lorsqu’il est question de théâtre ou de concerts et spectacles classiques, les conventions sociales strictes peuvent causer de l’inquiétude aux personnes autistes ou à leurs parents et accompagnateurs.

Mais, comme pour le sport et les activités de loisir, certaines mesures d’inclusion permettent à tous, incluant les personnes sur le spectre de l’autisme, de profiter de la même offre culturelle.

Adapter les codes – représentations décontractées

  • Tenir, lorsque possible, des représentations dites ‘décontractées’, c’est-à-dire, des représentations où les niveaux sonores et lumineux sont réduits et où les spectateurs ont la possibilité de se lever, manger, parler et sortir durant la représentation au besoin.
    • Cela peut être utile tout autant pour les personnes autistes et leurs accompagnateurs, les personnes ayant un trouble de l’anxiété ou un trouble d’apprentissage et les personnes avec une déficience intellectuelle ou un trouble de la santé mentale.
  • Présenter et mettre en contexte les sons forts et les effets de lumières au public avant la représentation, surtout s’il est difficile de réduire le niveau de ceux-ci. Cela permet de désamorcer l’anxiété qui leur est associée.
  • Réduire le nombre de personnes dans l’assistance afin de pouvoir maintenir une distance entre les bulles familiales.
  • Adapter l’accueil pour aider à mettre les gens en confiance.
  • Fournir divers outils d’accompagnement pour aider les personnes autistes ou leur accompagnateur à savoir à quoi s’attendre : guide des repères ou de la représentation, visite de la scène, scénario social, etc.

Adapter l’expérience – accès aux grands événements

Pour ce qui est des événements culturels à grand déploiement ou des grands événements sportifs, tels qu’un match de hockey ou un concert dans un aréna, il est bien entendu très difficile de tenir des représentations décontractées. Toutefois, il s’agit généralement d’événements où les codes sont moins stricts. Ce sont donc surtout les niveaux lumineux et sonores ainsi que la quantité de personnes sur place qui peuvent représenter un défi.

Cela ne veut toutefois pas dire qu’il n’y a rien à faire pour rendre ces événements accessibles aux personnes sur le spectre de l’autisme.

  • Tenir des visites de l’espace hors des événements ou fournir une visite virtuelle afin que les personnes autistes ou leurs accompagnateurs puissent se familiariser avec la salle.  
  • Proposer, si possible, des entrées secondaires plus calmes que les entrées principales.
  • Fournir des trousses sensorielles et outils d’aide à la communication aux personnes qui en ont besoin : coquilles antibruit, balles antistress, lunettes de soleil, chronomètre, etc.
  • S’assurer d’avoir des espaces calmes pour permettre aux personnes qui en ont besoin de relaxer.

Exemples et ressources :

Les services et ressources du Centre Bell pour les personnes autistes qui assistent à un match de hockey ou tout autre événement.

Représentations décontractées, place aux théâtres inclusifs sur La Presse +

Les mesures dans les musées et les centres d’expositions

En ce qui a trait aux musées et centres d’expositions, les mesures adaptées sont semblables tant à celles en activités de loisir qu’à celles en culture.

Les musées, avec leurs conventions sociales strictes et leur environnement stimulant, peuvent être une source d’anxiété. Mais ils peuvent également être un lieu d’apprentissage, de développement et d’épanouissement lorsqu’ils se donnent les moyens pour offrir des services adaptés aux personnes autistes :

  • Réserver des périodes hors des heures régulières d’ouverture pour accueillir les personnes ayant un TSA et leurs familles, en limitant le nombre de visiteurs et en adaptant l’environnement autant que possible.
  • Tenir des ateliers créatifs, des activités guidées, des séances d’art-thérapie ou autre destinés aux personnes autistes, animés par des gens formés pour les aider à avoir une expérience positive du musée et de l’art et à développer leur créativité.
  • Fournir des guides de l’accessibilité aux expositions ou des scénarios sociaux.
  • Créer des programmes en collaboration avec des organismes ou des écoles œuvrant avec des personnes sur le spectre de l’autisme.

Exemples et ressources :

Les Matinées apaisées du Centre des Sciences, gagnant du prix Accessibilité universelle Monique Lefebvre en 2023.

L’inclusion, c’est pour tout le monde

Bref, les moyens pour rendre les activités culturelles, de sport ou de loisir accessibles aux personnes sur le spectre de l’autisme sont nombreux. Mais les mesures d’inclusions ne bénéficient pas seulement à celles-ci.

Par exemple, une représentation décontractée peut permettre à une mère avec un nouveau-né de profiter d’une sortie au théâtre. Les lieux de retour au calme peuvent être utilisés pour des enfants qui ont des difficultés de comportement. Des activités sportives incluant des personnes neurodivergentes peuvent permettre à leurs compères neurotypiques de s’habituer à la différence, faisant d’eux des personnes plus ouvertes.

En somme, les personnes autistes ont des forces et des faiblesses, comme chacun d’entre nous. Et comme tout le monde, elles méritent des endroits sains et inclusifs où découvrir des champs d’intérêt, développer des compétences, rencontrer des personnes qui leur ressemblent et avoir du plaisir.